Nager avec les requins baleines aux Philippines
Les Philippines, c’est le paradis de la plongée / snorkelling, le lieu propice à la découverte de plages paradisiaques… mais aussi un endroit d’où il est possible d’admirer une des espèces les plus fascinantes au monde : le requin baleine !
LES REQUINS BALEINE, CE GROS POISSON
Les requins baleines sont des poissons qui mesurent généralement entre 4 et 14 mètres de long une fois adulte (mais peuvent atteindre jusqu’à 20 mètres), peser jusqu’à 35 tonnes et vivre jusqu’à 150 ans ! Ils se nourrissent principalement de plancton et de petits poissons qu’ils absorbent par leur immense bouche. Ils sont très impressionnants de par leur taille, mais sont totalement inoffensifs pour l’Homme. Ce sont des espèces migratoires, qui se rendent de site en site pour rechercher leur nourriture.
.
OÙ NAGER AVEC LES REQUINS BALEINE AUX PHILIPPINES ?
Il existe aux Philippines plusieurs endroits depuis lesquels il est possible de rencontrer ces géants de la mer. Parmi ces lieux, Oslob et Donsol. Deux sites qui ne sont pas du tout gérés de la même manière. Il semblerait que l’on puisse également observer ces mammifères depuis les environs de Puerto Princesa, en embarquant sur une petite banca (bateau philippin) qui vous amènera à environ 1 heure de distance de la côte d’Honda Bay, directement dans le Grand Bleu.
OSLOB
Plus précisément le petit village de Tan-Awan : les requins baleines y sont présents de façon assez continue depuis les années 50. Au départ, les pêcheurs s’en méfiaient car ces mégalodons détruisaient souvent les filets et chassaient les poissons. Aujourd’hui, les poissons sont attirés avec de la nourriture, ce qui garanti la présence des mammifères.
Ces poissons ne sont donc plus complètement sauvages, puisqu’on remarque des habitués qui reviennent quotidiennement. Ce lieu est naturellement soumis à de larges controverses dont nous parlerons plus bas. Il n’y aucune réelle surveillance et de nombreuses questions restent en suspens quant à l’utilisation des fonds récoltés… À savoir également que les étrangers paient le prix d’entrée double par rapport aux philippins. 1000 pesos contre 500 pour les locaux. Une différence tarifaire qui n’obtient aucune explication de la part des intéressés.
DONSOL
Le site est géré par la WWF et les requins ne sont pas appâtés avec de la nourriture. L’organisme interdit ce nourrissage intempestif. Le site prend donc largement plus en considération l’espèce et reste très surveillé.
La visibilité est legèrement moins transparente qu’à Oslob, et il n’est pas garanti d’y apercevoir des requins, qui ne remontent à la surface qu’en période de pleine lune. Pour avoir la chance de les apercevoir, il faut plonger dans le Grand Bleu, contrairement à Oslob où les requins baleines sont à une petite centaine de mètres du rivage. Pour en savoir plus, c’est par ici que ça se passe.
COMMENT OSLOB EST PASSÉ DU PETIT VILLAGE DE PÊCHEURS… AU GRAND CARREFOUR TOURISTIQUE, NUISIBLE POUR L’ESPÊCE
Pour les écarter des filets, un pêcheur avait pris pour habitude de nourrir les requins baleines avec des crevettes. Ce dernier s’est alors aperçu que les spécimens revenaient pour la nourriture. Fin 2011, plusieurs pêcheurs ont commencé à nourrir les requins baleines, et des hordes de touristes ont commencé à affluer. C’est depuis cette période que le site à été soumis à plusieurs controverses car on ne sait toujours pas à ce jour quels sont les effets à long terme de ce nourrissage permanent et régulier.
Oslob se situe sur le trajet migratoire naturel des requins baleines et constitue en soit un lieu de passage mais comme ils y trouvent de quoi manger, ils ne se rendent plus jusqu’à leur lieu de migration final et ne se reproduisent pas normalement.
Le site de Donsol est lui aussi reconnu pour être le lieu de passage naturel des requins baleines aux Philippines. On a longuement hésité à se rendre sur le site de Oslob car il est vrai qu’on ne voulait pas nuire à l’espèce et participer à son dysfonctionnement. C’est également pour cette raison que nous avons renoncé aux tigres et aux éléphants en Thaïlande. Il était difficile pour nous d’intégrer Donsol à notre parcours, et nous nous sommes finalement dit que l’occasion ne se présenterait peut être qu’une fois dans notre vie et nous y sommes rendus.
NOTRE EXPÉRIENCE AU DÉPART DE PANGLAO
Il est possible de prendre un bateau très tôt le matin au départ de l’île de Panglao (le petit bout de terre qui se situe au sud de l’île de Bohol) afin d’arriver aux heures d’ouverture du site d’Oslob, qui se trouve à environ 2h30 de traversée. Le site n’est ouvert que le matin de 9h à 12h environ.
Nous avons loué les services d’un pêcheur par le biais de notre hôtel. Initialement, le prix était de 1500 pesos philippins (30€ par personne), mais nous avons demandé un rabais et avons eu la traversée aller/retour pour 1 000 PHP (20€). Ils ne sont vraiment pas difficiles en affaires et c’est d’ailleurs la première fois depuis notre départ en Asie que l’on a pas l’impression de devoir tout négocier ni le sentiment de se faire avoir, c’est agréable..
Réveil matinal ce matin-là : notre tricycle (c’est comme ça qu’ils appellent leur tuktuk ici : c’est une moto sur laquelle est attachée une grosse carriole du côté droit et dans laquelle les chauffeurs trimballent leurs passagers) nous cherche à 5h00. Il nous dépose sur la plage de laquelle partent tous les bateaux et nous rencontrons un couple germano-autrichien qui est dans le même bateau que nous. Jusqu’au moment du départ, on pense n’être que tous les 4… mais c’est à ce moment que débarque une horde de chinois. Pour l’anecdote, les chinois ont tous revêtit leurs plus beaux atouts : des K-way Décathlon bleu turquoise, rose fuchsia et violet. Je les accuse de s’être inspirés de la dernière saison automne-hiver 1995. Le bateau démarre, on assiste au lever du soleil sur la baie, c’est vraiment magnifique.
On arrive finalement 2h plus tard et on aperçoit déjà des bateaux un peu partout. Les requins baleines de Oslob sont relativement proches du rivage, et très peu farouches, ce qui a d’ailleurs relevé notre attention. On remarquera par après que les fonds sont relativement profonds, suffisamment du moins pour qu’un spécimen de 8 mètres de long s’y promène tranquillement.
Le bateau arrive dans la baie et c’est une eau limpide et turquoise qui s’offre à nous. Je crois que c’est l’une des choses qui nous aura le plus marqués de notre séjour aux Philippines : la clarté et la pureté de l’eau. Les chinois quant à eux, font une pause casse croûte : saucisses et chips à 9h du matin.
On assiste à un discours de présentation et de règles à suivre :
- pas de crèmes solaires (ça peut les intoxiquer) ;
- pas de contact direct avec les requins (on ne doit pas les toucher) ;
- pas plus de 6 nageurs à la fois autour d’un requin baleine ;
- respecter une distance de 4 mètres minimum ;
- et surtout : pas de flash sur les appareils photos (ils sont sensibles à la lumière).
On paie nos droits d’entrées : 1000 pesos pour les touristes, 500 pour les locaux… soit 20€ pour les étrangers et 10€ pour les philippins. Une différence de prix que l’on trouve aberrante.
C’est le moment de nous rendre dans l’eau. Cramponnés sur une petite banca dont la capacité maximum est de 4 personnes et qui prend l’eau de tous les côtés, les pêcheurs nous donnent à chacun masque, tuba et gilet de sauvetage. On est avec le couple germano-autrichien qui ne semble pas non plus super rassuré à l’idée de sauter dans la mer qui s’est agitée depuis notre arrivée dans la baie.
.
.
On arrive à une distance d’environ 200-300m du rivage et là ils nous disent : « go on water, whale shark here !! » (je traduis : tous dans la flotte, vous avez payé pour voir des requins baleines c’est pas le moment d’avoir la trouille). Bon OK, on enfile nos masques et tubas tant bien que mal et sans trop réfléchir, on est déjà tous les 4 à la recherche du monstre..
Pas besoin d’attendre trop longtemps, on voit une grosse ombre se diriger droit sur nous. En fait, c’est pas une ombre mais plutôt une énorme bouche, que dis-je ? TI-TA-NES-QUE : bref, un trou béant de bien 1 mètre de largeur qui s’avance doucement vers nous. Doucement ? Oui, les requins baleines nagent à une vitesse d’environ 5km/h.
.
On essaie de pas trop paniquer, après tout, on ne dispose que d’une demie heure pour profiter de ce moment. Pas trop le choix de toute façon : le petit bateau est déjà loin et avec le courant et les vagues, il n’est pas évident de garder le cap. On se trouve à une distance de peut être 1 mètre (pas facile de respecter la règle d’or des 4 mètres minimum) et on voit le requin baleine aspirer le plancton lancé dans la mer par le pêcheur non loin de là.
Et ce sera comme ça pendant trente minutes : on essayera de se rapprocher des requins baleines les plus isolés pour ne pas intenter à la règle du surnombre et on les observera se délecter de la nourriture envoyée. On essaie au passage de ne pas se ramasser du plancton sur la face, parce que mine de rien, ça doit pas sentir hyper bon tout ça.
.
OSLOB : Y ALLER OU PAS ?
LES POURS
Avec le recul, on se dit que c’est vraiment impressionnant et incroyable de se trouver aux côtés de poissons aussi gros ! On se sent vraiment petits et on a le loisir de voir toute la vie qui se fait autour d’un seul et même spécimen : des dizaines de mini poissons nagent autour pour les débarrasser des parasites, d’autres pour manger les restes de plancton délaissés par le requin… Bref c’est une expérience vraiment géniale, à faire dans une vie.
.
LES CONTRES
Concernant le lieu : je pense sincèrement que de les voir dans leur milieu naturel sans nourrissage intempestif aurait été une expérience unique et incomparable, car à la beauté de la chose, s’ajoute l’effet de surprise. Lorsque l’on se trouve dans le Grand Bleu, personne ne peut nous assurer la rencontre avec ces mammifères et c’est une chance incroyable lorsque l’on se retrouve nez-à-nez avec un spécimen. En plus, il n’y a pas cette culpabilité que l’on ressent en se rendant à Oslob, puisqu’en milieu naturel, le nourrissage n’est pas utilisé.
.
Concrètement, si vous avez la possibilité d’aller ailleurs : allez-ailleurs. Parce qu’Oslob c’est vraiment le zoo, l’usine et ça sent la corruption à plein nez.
Riz-cantonais.net®, voyageurs blogueurs éco-responsables, soutient le collectif Ecogreen !
Lors de vos voyages, pesez bien le pour et le contre avant de vous décider à faire une activité qui pourrait avoir un impact sur un environnement / une espèce / une population… Nous avons fait le choix de réaliser ce rêve, mais avec finalement le goût de la culpabilité derrière.