Il y a 500 ans, c’était l’or qui fascinaient les voyageurs se rendant au Pérou. Aujourd’hui, c’est une image bien plus abstraite, emprunte d’un mystère qui subsiste : ces pierres, parfaitement taillées et dressées au milieu d’une chaîne de montagnes, dont les allées en pavés déchaussées par endroit invitent à se projeter et à s’imaginer la vie passée des Incas. Le Machu Picchu, évidemment, ainsi que Cusco (ancienne capitale de l’Empire Inca) en sont les témoins intemporels. Mais en y creusant bien, c’est encore bien d’autres civilisations ancestrales qui peuplèrent toute cette région d’Amérique Latine et qui fascinèrent au fil des siècles la culture du Pérou actuel.

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Population et Histoire du pays

On distingue globalement trois grandes périodes de l’Histoire du pays :

  • les premières civilisations, à l’origine des premières sédentarisations
  • l’apogée du peuple Inca et la création d’un Empire
  • le déclin d’un Empire avec la Conquête espagnole

Premières civilisations

Les Sud-Américains sont en fait les descendants de peuples venus d’Asie. En effet, il est prouvé que les amérindiens ont le même gène homogène O que les mongols. Ces derniers franchirent les glaces du détroit de Béring dans le Grand Nord vers 40 000 av. JC. Après l’occupation du continent nord-américain, une partie de cette population a vraisemblablement progressé vers le sud, à une date qui correspond à l’ancienneté des plus vieux outils de pierre retrouvés au Pérou.

Natives of South America (oeuvre du domaine public aux USA où elle a été publié avant le 1er janvier 1923)

Natives of South America (oeuvre du domaine public aux US où elle a été publiée avant le 1er janvier 1923, en vertu du copyright d’une durée de 75 ans après la mort de l’auteur) @Wikipedia.org

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L’agriculture et l’élevage apparaissent vers 5000 av. JC, preuve que les premières sédentarisations se généralisent. La culture du manioc, du haricot, du maïs et de la pomme de terre est restée jusqu’à alors. Plusieurs groupes et structures sociales font ensuite leur apparition et se centralisent dans les montagnes, les plaines ou le bord de mer et se regroupent alors en petites communautés. Vers 2000 av. JC, les premiers temples sont érigés et de nouvelles formes de civilisations apparaissent sur ce continent encore isolé du reste du monde…
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Les premières civilisations se regroupent autour du lac Titicaca (vers 3000-2000 av. JC), au nord de La Paz. Puis autour de la Cordillère Blanche (vers 2000-1000 av. JC). La civilisation Tiwanaku constituera le 1er grand Empire de la région. Cette civilisation construit la base du réseau de routes qui connecte les Andes avec l’Amazonie, connues aujourd’hui sous le nom de Chemin de l’Inca.
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La civilisation Tiwanaku a par ailleurs beaucoup fait travaillé l’imagination des archéologues. Réputée pour ses statues gigantesques faites d’une seule et même pièce (de la taille de celles de l’île de Pâques !), elles sont aussi raffinées que les stèles mayas. Cette civilisation, localisée dans la région du lac Titicaca, connaît son apogée du 8ème au 12ème siècle, période où elle fusionne avec l’Empire wari, qui s’étend sur tout le centre du Pérou et influence tous les peuples andins jusqu’aux régions côtières. En échangeant le fruit de leur agriculture et élevage (quinoa, pommes de terre, viande de lama) contre feuilles de coca, légumes et fruits tropicaux, les Tiwanakotas furent capables de faire vivre une cité prospère dont les murs étaient alors recouverts d’or… Le site de Tiwanaku est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et est accessible à quelques km du lac Titicaca et de La Paz, en Bolivie.

Tous droits réservés @ToutsurlePérou

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Les Incas, peuple empereur, récit d’une apogée

A leur origine, une légende : le lac Titicaca est considéré par certains historiens comme le berceau des civilisations andines, en raison de sa proximité avec le site de Tiwanaku. Selon les indiens, le dieu Viracocha surgit des eaux du lac pour créer la Lune, le Soleil et les étoiles. Les Incas racontaient que leur ancêtre avait à la tête de leur tribu quatre frères descendants du dieu Soleil. Sous la direction de son emblème – un oiseau – ils dirigèrent la tribu vers le nord à la recherche d’un empire. Le frère aîné et chef, Mancon Cápac, détenait un bâton en or qui devait s’enfoncer dans la terre pour indiquer le lieu où l’empire devait être fondé. C’est ainsi que le site de Cusco fut désigné ; future capitale de l’Empire Inca, et signifiant « nombril du monde«  en quechua.
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Concernant les origines des Incas, le fait qu’elles proviennent du lac Titicaca n’est pas établi et assuré à 100%, en raison d’une trop grande disparité linguistique avec les occupants actuels du lac. Plusieurs autres théoriques les feraient venir des hautes plaines de l’Amazone, à partir desquelles ils seraient remontés vers les Andes. Quoi qu’il en soit, les deux théories se rejoignent en tout cas, à l’endroit où la tribu s’implante, non loin des sources du río Urubamba, sur les rives duquel se fonde vers 1200 la cité de Cusco.
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Vers 1500, l’Empire Inca couvre toute la bande de terre allant du Pacifique à la Cordillère, depuis le sud de la Colombie jusqu’au Chili. De grandes parties de la Bolivie et de l’Argentine sont également inclus ! C’est sur moins d’un siècle que la domination Inca s’étend. Une période minuscule compte tenu des apports colossaux apportés par cette civilisation : c’est à eux que l’on doit les ouvrages incroyables et méticuleux réalisés à partir de pierres gigantesques et si parfaitement ajustées qu’une lame de couteaux pourrait s’y glisser aisément entre deux blocs. On peut citer des exemples connus de réalisations édifiantes comme Pisac, Ollantaytambo ou bien encore le désormais incontournable Machu Picchu, toutes situées sur les crêtes dominant la Vallée de l’Urubamba. Autre point caractérisant la civilisation Inca : les sacrifices rituels, qui étaient par ailleurs beaucoup moins fréquents que ce que l’on croit. Ils étaient principalement pratiqués sur des enfants nobles, lorsqu’un grave danger menaçait une région : l’éruption d’un volcan par exemple.
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Conquête espagnole : le déclin d’un Empire

Ayant entendu parler d’une autre mer et d’un autre peuple dont la richesse est immense, Vasco Nuñez de Balboa se met en tête de trouver en 1513 cet eldorado. Il ne découvre alors que l’Océan Pacifique après un voyage d’un mois. Victime d’un complot, c’est décapité qu’il termine son périple. Parmi ses hommes, Francisco Pizzaro. A la recherche de fortune, ce dernier envisage de tirer profit personnel de la découverte de son défunt capitaine. Il obtient en 1528 le privilège de mener la conquête des territoires du Sud, et, en 1530, lui et son équipage débarquent sur la côte nord du Pérou.
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Leur arrivée amène avec elle une épidémie dévastatrice chez les indigènes, de laquelle succombent l’Inca Huayna Cápac ainsi que son fils, alor sdésigné comme successeur. Les deux fils restants s’engagent dans une lutte fratricide pour le trône. Le premier, Huáscar, fils légitime, prend la succession et devient Inca à Cusco. Le second, Atahualpa se fait proclamer Inca à Quito et réussit à faire emprisonner son frère. Il le fera par la suite exécuter. Lors de la rencontre entre le conquistador espagnol Francisco Pizzaro et  Atahualpa, ce dernier aura un geste malheureux. Il jette à terre une bible qui lui est tendue, ce qui servira de prétexte à sa capture et à l’attaque espagnole. L’Inca, en échange de sa libération, propose à Pizzaro une rançon colossale : l’équivalent en or et en argent du volume de la pièce dans laquelle il est détenu. Bien que la rançon soit rapidement et intégralement versée, Atahualpa est condamné et exécuté en 1533. Le décès de l’Inca entraîne la perte de l’Empire, et l’arrivée de renforts permet à Pizzaro de mettre l’Empire Inca à genoux…
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Peu après cet épisode, les espagnols se trouvent alors aux portes de Cusco. Tout au long du trajet, les populations asservies par les Incas se soulèvent et rejoignent les troupes espagnols. Ils ont en effet une revanche à prendre sur l’Empire qui leur a demandé allégeance durant plus d’un siècle et les a obligés à se soumettre à une organisation vieille de plus de 15 siècles : l’ayllú. Il s’agissait d’un ensemble de communautés autonomes, fonctionnant de manière collective, et dont chacune apportait son tribut à l’Empire qui s’assurait alors d’une juste répartition de toutes les productions. La nourriture était assurée par l’état et distribuée en quantité égale à chacun, la population étroitement contrôlée et recensée.
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En 1533 donc, les conquistadors et les populations asservies par les Incas sont alors un même bloc devant les portes de Cusco, à 3320m d’altitude, alors capitale religieuse, économique et politique de l’Empire. Reçus avec tous les honneurs, les rebelles n’en n’ont que faire et c’est alors le grand pillage espagnol qui débute... digne de celui de Constantinople par les Chrétiens d’Occident au 13e siècle. La rançon d’Atahualpa n’a à priori par rassasié la soif de fortune des Conquistadors et c’est alors plus de 400 temples qui sont entièrement dévastés.
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Face à Pizzaro et sa soif de pierres précieuses, les Incas réagissent. Malheureusement pour ces derniers, l’armée espagnole (composée de 200 soldats et 90 cavaliers), aidée par l’éruption du volcan Cotopaxi, bat l’armée indienne composée de 12 000 hommes. Plusieurs combats entreront alors en marche, durant lesquels Pizzaro prendra sa revanche sur son passé miséreux en étant nommé marquis par le roi lui même, et au cours desquels le conquérant du Chili, Almagro, attendra tranquillement l’affaiblissement des deux camps (Incas et Conquistadors) pour pouvoir marcher sur Cusco et Lima. C’est d’ailleurs son fils qui assassinera Pizzaro. La guerre contre les indiens ne s’achèvent qu’en 1572, date à laquelle Túpac Amaru, descendant de Atahualpa, est capturé puis étranglé comme son ancêtre 40 ans auparavant. C’est la fin de l’Empire Inca. Il est établi que 180 tonnes d’or et 17 000 tonnes d’argent furent acheminées en Espagne dans les coffres de la Couronne de 1503 à 1660, la grande majorité provenant du seul Empire Inca…
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Raison de la Conquista : une pseudo-conquête spirituelle
La raison évoquée de la Conquista espagnole était subordonnée a l’évangélisation des indiens. En pratique, l’enseignement  du christianisme passe évidemment au second plan ; les conquistadors ne pensant alors qu’à s’enrichir et étant pris de cours par l’ampleur de la tâche, compte tenu de la masse de païens à convertir… A cela s’ajoute les distances immenses, le climat et l’altitude, qui sont autant d’obstacles naturels.

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Figure du pays : le lama

Quand on pense Pérou, on pense irrémédiablement « lama ». Avec le condor, le lama est l’animal emblématique de la Cordillère des Andes. Vous croiserez forcément ce mammifère attachant lors de votre séjour, surtout si vous prévoyez de partir en trek sur l’Altiplano. Le lama est l’animal le plus connu, mais attention de ne pas le confondre avec ses cousins l’alpaga, la vicuña et le guanaco.
  • Le lama est un animal docile amical et curieux. Il fournit laine et viande ; les incas utilisaient également son cuir.
  • L’alpaga est plus petit que le lama et est vêtu d’une toison épaisse qui lui donne parfois l’air d’une grosse peluche. Sa laine généreuse est utilisée pour confectionner des pulls et des écharpes. Il est emblème de la Bolivie et figure même sur le blason national. Lorsqu’il s’accouple au lama, il fait des petits pacollamas…
  • La vigogne, ou vicuña en espagnol, figure sur les armoiries du Pérou. C’est un animal sauvage, contrairement au lama et alpaga, tous deux domestiqués. C’est un animal qu’il est rare d’apercevoir, et sa robe – d’une extrême douceur – se vend à prix de folies : comptez pas loin de 200€ pour une écharpe en vigogne !
  • Le guanaco, enfin, est lui aussi sauvage. On le rencontre principalement en Argentine et au Chili, dans les zones arides.
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Altiplano Péruvien et ses immensités désertiques, peuplées d’alpacas sauvages… Crédit photo tous droits réservés @PaprikaTours

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Géographie

Le pays dispose d’une géographie variée. Entre le littoral désertique et sablonneux, les sommets enneigés de la Cordillère Blanche au Nord, l’Altiplano et ses vallées peuplées d’alpaca, vicuña et lamas sauvages plus au Sud ou encore l’immensité de la forêt amazonienne, la soif d’exotisme de tout voyageur ne saurait trouver meilleur écho.
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D’une superficie environ deux fois et demi supérieure à la France, le Pérou est généralement divisée en 3 zones géographiques :
  • la côte, à l’ouest
  • la sierra, au centre
  • la forêt tropicale, à l’est
Le Pérou représente près de 8% du continent sud-américain.
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Une carte des grandes régions du Pérou pour vous aider à y voir plus clair 🙂

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La région côtière s’étend sur plus de 3000km et ne représente que 11% du territoire péruvien. Elle rassemble pourtant plus de la moitié de la population nationale, la plus riche. Large de 200km au nord et de seulement 40 au sud, c’est une région désertique qui s’étend en longueur entre l’océan pacifique et le piémont de la cordillère des Andes.
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La sierra est le nom donné à la fameuse Cordillère des Andes, avec son Altiplano dont les montagnes et volcans les plus élevés culminent à plus de 6 000m. Son relief irrégulier et ses températures généralement basses lui confèrent un sentiment relativement inhospitalier mais au combien magnifique. La sierra représente approximativement 1/3 du territoire pour environ 1/3 de la population.
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Enfin, la selva – ou forêt amazonienne (aussi appelée « l’enfer vert« ) – connaît à l’inverse un climat chaud et humide. C’est de loin la région la plus vaste : plus de la moitié du territoire péruvien, mais aussi la moins peuplée.