Récemment installés dans notre appartement presque flambant neuf (si on fait abstraction des placards poussiéreux et des bibelots en verre soufflé en place à notre arrivée), nous avons tout de même eu envie de le rendre un peu plus « fonctionnel ». Comprenez par là : mettre un meuble de rangement dans la salle de bain – nous permettant ainsi de ne pas laisser nos trousses de toilettes à même le sol à côté du produit désinfectant pour toilettes –.

 

Ceci étant, notre réflexe est de chercher sur internet la présence d’un IKEA dans les environs : pas cher (surtout si on se dit que certains articles seront forcément « Made in China ») et de qualité suffisante pour tenir une année. Par chance, il en existe un à Chengdu. Première difficulté : trouver l’adresse, si possible en chinois (car il est difficile de le faire dans une langue autre que celle de nos confrères).

Adresse à Chengdu : IKEA No. 9 Zhan hua Road, Gaoxin District, Chengdu (dans le Sud de la ville)
Adresse à Chengdu : 站华路9号 

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Nous partons donc en direction du métro, que nous allons emprunter pour la première fois. Le réseau souterrain de la ville est moderne et récent : deux lignes ont été créées ces dernières années et permettent de relier la ville ; du Nord au Sud et d’Ouest en Est, passant par les points stratégiques de TianFu Square et ChunXi Lu : très pratique, rapide et économique (ça leur ferait presque un slogan marketing). Deux lignes supplémentaires verront le jour d’ici 2016, ce qui explique les importants travaux qui recouvrent la quasi-totalité des avenues routières de la ville.

Nous arrivons à l’entrée de la bouche de métro et avons le loisir de nous perdre dans les sinogrammes chinois, à la recherche « du » sinogramme correspondant (ou ressemblant vaguement plutôt) à celui que nous avons sous les yeux et qui indique la station à laquelle nous devons sortir pour rejoindre notre destination.

L’expérience du métro a été plutôt satisfaisante : perdus depuis 10 bonnes minutes devant un grand panneau qui servait de carte, nous décidons d’aller directement demander le chemin à la jeune femme de la billetterie. Après lui avoir montré la traduction du mot « IKEA », nous pensons lui avoir fait comprendre que nous aimerions nous rendre là-bas. La compréhension – une fois de plus – est difficile et nous nous retrouvons avec deux cartes magnétiques dont nous n’avons aucune idée du prix, ni de l’endroit où elles vont nous amener. Le coût d’un ticket de métro varie entre 2 et 5 yuans (20 à 60 centimes d’euros) suivant les zones.

La gentillesse à la chinoise est personnifiée par la présence d’un homme dans la fille d’attente (qui s’est créée au fil des minutes passées à essayer de s’expliquer). Ce monsieur d’une trentaine d’années et sans une once de notions d’anglais essaie de comprendre où nous souhaitons aller et nous fait signe de le suivre. Finalement, il nous amènera jusqu’à la rame de métro en question et restera avec nous le temps de deux arrêts, puis repartira.

Après plusieurs dizaines de minutes, nous arrivons finalement à la station South Train. Le magasin IKEA est facilement reconnaissable au loin, avec ses immanquables quatre grandes lettres jaunes sur fond bleu. Au premier abord, rien de franchement dépaysant : nous retrouvons notre bon vieux magasin de meubles d’aménagement en kit à bas prix, dont d’indémodables noms suédois sont mis en avant sur les étiquettes de prix. Cela nous permet surtout de facilement noter les articles qui nous intéressent sans passer par la traduction chinoise (un peu plus délicate à écrire).

 

IKEA EN CHINE, QUELQUES (GROSSES) DIFFÉRENCES CULTURELLES

Oui mais voilà : bien que l’enseigne soit internationale, il n’en est pas moins sûr que nous sommes bel et bien en Chine. Plusieurs observations que nous avons faites au cours de notre flânerie décoratrice :

  • Alors que les français apprécient essayer les meubles (canapés, lits, matelas), les chinois aiment franchement s’y projeter : ils passent ainsi le plus clair de leur temps de leur visite à IKEA à s’asseoir et bouquiner dans les salons aménagés, à manger leur sandwich dans les cuisines équipées ou à s’allonger un long moment sur les lits… ils s’y voient déjà on vous dit !
  • Au rayon accessoires de cuisine, on trouve des casseroles, poêles, et couverts, comme en France ou en Europe. Mais – ajustement culturel oblige –, on trouve surtout des baguettes et des woks.
  • Les règles de civilité et de bienséance ne sont pas tout à fait les mêmes en France et en Chine… Vous en aurez la preuve en vous promenant 5min dans les rayons d’un 宜家(pinyin Yíjiā, prononcez « Idjia », vous aurez reconnue la traduction de « IKEA »). Ce qui passe pour un flagrant manque d’hygiène et de savoir-vivre en France est considéré comme tout-à-fait normal et habituel en Chine : ainsi, nous avons pu à deux reprises assister à un profond raclement de gorge, suivi d’un gracieux crachat à même le sol, pile à côté des draps que nous venions de choisir 3 minutes plus tôt (on a eu de la chance). Quelques minutes plus tard, un autre individu éternue bruyamment, se mouche… dans ses doigts (sans commentaire), puis dépose l’ensemble de sa récolte interne sur l’une des piles d’édredons du rayon adjacent… charmant.
  • Qui dit « caisses du IKEA », dit « petite échoppe suédoise » et « vitrine de nourritures prêtes à emporter », en général appétissantes. En France, cela se traduit par des glaces italiennes et des cookies chocolat (quand ce n’est pas autre chose à la place des pépites caca-otées, vous noterez le jeu de mot). En Chine, ces douceurs sucrées ont été remplacées par des saucisses dégoulinantes de graisse embrochées sur pics, très répandues dans les rues de Chengdu également. Rien de plus appétissant me direz vous, après avoir acheté un meuble de salle-de-bain.