19-août

On pense avoir fait le tour du sud de Bali. De ce fait, pas grand chose à dire sur ces trois derniers jours passés sur Jimbaran. Pour cet avant-avant-dernier jour, on a surtout profité de la plage de Jimbaran et de ses vagues assez fortes, voulu louer une planche de surf pour s’essayer à ce sport si répandu ici (mais 100,000 IDR l’heure, on a laissé tomber) et mangé dans un bon restaurant vietnamien le soir.

 

20-août

Le lendemain, on a pris le temps de se reposer à la villa, de profiter de la piscine et du petit déjeuner. Le temps était au beau calme, il faisait chaud, ciel bleu et pas un nuage. On s’est alors décidés pour se rendre une nouvelle fois à hidden beach : on ne pouvait pas partir sans revoir une dernière fois cet endroit que nous avons découvert vraiment pas hasard, ajoutant donc une jolie touche de charme et un aspect symbolique à ce lieu. On ne peut être déçus par la beauté sauvage de cette plage, aux vagues infatigables et aux rochers gigantesques qui immergent de l’eau une fois que celle-ci se retire.

Nous avons passé l’après-midi ici, avec pour seuls voisins de serviettes un couple d’anglais qui se prenait en photos et trois aventuriers qui se jetaient dans les vagues écrasantes. Une plage magnifique réservée à 7 chanceux !

Nous avons aussi pu aussi observer le manège d’un pêcheur, qui, sur un rondin de bois, s’élança sur les flots avec pour rames ses seuls bras. Sans peur, il avait sauté dans cette eau si mouvementée, laissant présager un trajet pénible jusqu’à son point de pêche. Nous le revoyons quelques temps plus tard avec un sourire de satisfaction dessiné sur le visage, signe d’une action très certainement réussie. De même, nous avons contemplé ces douzaines de bateaux de pêche qui arrivèrent presque simultanément aux alentours de 17h (heure de la marée haute) et se dirigeant vers un même point.

La marrée montante n’a pas eu raison de nous et nous sommes restés ainsi à observer et contempler la mer et ses vagues s’élever, puis se retirer aussi vite qu’elles étaient venues. Changeant néanmoins nos affaires de place à mesure que le niveau de l’océan montait, nous avons trouvé comme dernier refuge une petite excavation qui permettait une vision directe et magnifique sur la disparition furtive du soleil, derrière les nuages.

Le coucher de soleil conduisit l’arrivée de plusieurs individus : une armada de locaux et de touristes venus admirer conjointement ce moment de la journée. Nous qui pensions que notre paradis était inconnu, nous voilà face à une autre réalité… Pas moins de 4 couples de jeunes mariés étaient là, à se faire tirer le portrait les uns à côté des autres. On s’est donc extirpés de cette jolie plage qui nous a été, finalement, tout de même réservée le temps d’une journée entière.

 

21-août

Le lendemain, pour notre dernier jour, nous décidons de nous rendre à Kuta, ville située à environ 9km au Sud de Denpasar. La route sur laquelle nous roulons est bordée de magasins, boutiques souvenirs, restaurants et bars. Il s’agit d’une des plus grandes stations balnéaires de l’île de Bali mais qui n’a rien à envier à notre petite plage de Jimbaran. Ici, nous sommes happés par l’agitation qui provient de cette cavalcade de motos, voitures, qui sont à deux doigts de bousculer piétons et marchands. C’est un tourisme incessant qui a donc pris racine ici, épuisant et fatiguant dès les premiers instants. Un vacarme ahurissant provenant des klaxons et des cris des vendeurs de rues qui tentent à tout prix de vous refourguer leurs objets, au prix – évidemment – le plus élevé possible. L’atmosphère est des moins agréables et nous ne restons que très peu de temps ici : à peine avoir acheté quelques cartes postales et nous voilà déjà sur le chemin du retour, en direction du Sud/Ouest.

On décide alors de rejoindre « notre » hidden beach. En route, on prend par la gauche, puis par la droite histoire de tester de nouveaux chemins. Après plusieurs kms ainsi réalisés par notre fiable Scoopy, un panneau fléché « Beach » nous fait comprendre que nous prenons la direction de l’océan. Finalement, après avoir esquivé un parking à 5,000 roupies, on arrive sur une « aire de stationnement » : une sorte d’énorme terrain vague pentu, duquel de grands poteaux laissent tomber leurs fils électriques de façon insouciante. Il faut alors prier très fort et baisser la tête bien bas pour ne pas manquer de se prendre un coup de jus, à quelques centaines de mètres de la plage de Balangan ! Une longe plage de sable blanc, qui, à marrée basse, est très éloignée de la plage. Elle laisse ainsi apercevoir des rochers plats et non-coupants, recouverts d’algues. A l’abris des cocotiers et palmiers, quelques warungs alignés qui permettent de se restaurer à prix peu chers tout en observant les surfeurs expérimentés qui tentent de parvenir à chevaucher les vagues.

Nous repartons et continuons notre découverte à l’aveugle des derniers recoins du Sud. En route, on lit un panneau indiquant « Dreamland Beach ». Ce recoin est en fait un projet immobilier extravagant et colossal, initié dans les années 90. Les travaux ont été stoppés après les attentats de 2002 et 2005 (ayant eu lieu respectivement à Kuta et à Jimbaran) et repris depuis peu. Les avenues bétonnées et ponctuées de ronds-points laissent voir de part et d’autres de grands hôtels – le plus souvent en construction –. On imagine difficilement le paysage post-travaux.

Dreamland – ou la cité de béton aux larges routes menant vers l’océan –, est à notre sens une aberration. Les touristes occidentaux, quand bien même crédules, ne se verront sans doute pas parqués tels des vaches dans des feedlots. Il va de soi que ce qui rapportera dans quelques années c’est le luxe, le calme et la volupté. Cependant, ce projet pharaonique qu’est Dreamland serait plus destiné aux indonésiens ne pouvant s’offrir gîte et couverts dans les complexes destinés aux nantis occidentaux.

Quoi qu’il en soit, Dreamland est le reflet d’une société balinaise en pleine mutation à l’attrait du profit instantané, au risque de sacrifier leur cadeau le plus cher : le magnifique cadre qu’offre Bali.