Huashan : emprunter le chemin le plus dangereux au monde
HUASHAN, QU’EST-CE-QUE C’EST ?
TOPOGRAPHIE DES LIEUX
Huashan (华山) : hua signifiant « magnifique » et shan « montagne », cette association de mots signifie tout simplement le Magnifique Mont. Cette montagne, située en plein cœur de la Chine, se trouve à une centaine de km à l’est de la ville de Xi’an, mondialement connue pour son armée de terre cuite enterrée. Il s’agit de l’une des cinq montagnes sacrées de Chine, qui correspondent respectivement aux cinq points cardinaux de l’Empire du Milieu (avec le centre en plus). Le Mont Hua est donc aussi connu sous le surnom de Montagne de l’Ouest. Le plus haut pic est son pic Sud, qui culmine à 2 200 mètres.
La montagne Hua compte 4 pics : le pic ouest, le pic est, le pic nord et le pic sud ; ce dernier étant non seulement le plus élevé, mais aussi considéré comme le plus dangereux. Du haut de ses 2 159 mètres, il domine les paysages : cette vision de roches escarpées et tranchantes, desquelles s’échappent quelques arbres qui poussent au milieu des falaises. Les autres pics situés à l’est (le pic du Soleil levant, Zhaoyang) et à l’ouest (le pic du Lotus, Lianhua), permettent également de profiter d’une vue grandiose, notamment lors des couchers et levers de soleil.
HUASHAN, HAUT LIEU DE PÈLERINAGE BOUDDHISTE ET TAOÏSTE
Composée de nombreuses falaises et parois à pic, cette montagne a eu de tout temps la réputation sulfureuse d’être très dangereuse. Elle fut un haut lieu de pèlerinage religieux : les moines empruntaient alors une route quasiment impraticable, qui leur permettait d’accéder au sommet du mont et donc, de prétendre à l’immortalité, qui selon les croyances, se trouve à l’issue de ce chemin.
En Chine, deux religions principales sont en place : le bouddhisme et le taoïsme. Mentionné dans beaucoup d’écris anciens, le Mont Hua a pris au fil des siècles un caractère fortement taoïste notamment grâce aux nombreux temples taoïstes qui y furent érigés. En 200 ans avant JC, un temple Taoïste avait déjà pris place au pied de la montagne ; il était alors utilisé pour contacter les dieux des mondes souterrains qui vivent (selon la légende), reclus dans la montagne.
Si aujourd’hui les voies d’accès sont sécurisées, pendant plusieurs millénaires d’incursion (environ 4 000) il n’y avait rien qui permettait de prémunir les courageux ecclésiastiques d’une glissade interminable, entraînant les protagonistes vers une fin atroce. Lorsque les pèlerinages religieux commencèrent il y a plus de 2 000 ans, aucun chemin ni route ne permettait en effet d’atteindre le sommet. Les ravins plongeants et les falaises abruptes furent finalement domptés au fil du temps par la mise en place de bouts de bois branlants, dont la taille ne dépasse pas celle d’un pied.
Le diction « un seul chemin mène au mont Hua » s’est répandu de cette époque jusqu’à nos jours. Détail à connaître : la passerelle a été ainsi construite il y a plus de 700 ans par les ermites en quête d’immortalité et d’endroit plus paisibles pour pratiquer leur religion. Ces derniers se mirent alors à gravir les pentes au péril de leur vie. La construction de ce chemin périlleux pris un peu plus d’un demi-siècle et tient en place depuis lors. Il permet d’atteindre un petit temple caché de l’autre côté de la falaise.
Aujourd’hui, le lieux reçoit de nombreuses offrandes et prières de la part de croyants bouddhistes ou taoistes…
UNE VIA FERRATA HORS DU COMMUN: PLANK ROAD
UN CHEMIN ESCARPÉ… MAIS OBLIGATOIRE
Le Mont Huashan a la particularité d’attiré tant des amoureux de la nature que des amoureux du vertige. Chaque pic peut se faire indépendamment : il n’est ainsi pas obligatoire de passer par le pic Sud et son fameux chemin de planche (Plank Road), qui a la particularité d’être une via ferrata.
Mais une via ferrata pas comme les autres : ici, vous n’avez pour seul appui qu’une planche de bois un peu vieillotte, construite à flanc de falaise sur plusieurs centaines de mètres et qui tient depuis des siècles grâce à quelques clous rouillés et un peu de ferraille. Pour garantir votre sécurité (et surtout rassurer les esprits), une ligne de vie vous permet de vous maintenir accroché à l’unique objet tangible : la paroi.
Celle-ci est verticale, et vous n’aurez pour loisir et pour seul paysage que les 2 kilomètres de vide qui s’étendent sous vos pieds tremblotants. On appelle ce chemin le « Chemin de la mort » ; aussi connue sous le nom de la Route la plus dangereuse au monde.
Par météo brumeuse, cette route peu ordinaire prend en effet des allures de films d’épouvante :
ET LA SÉCURITÉ DANS TOUT ÇA À HUASHAN ?
Le harnais, jusqu’il y a très peu de temps, n’était pas systématique et ne revêtait pas un caractère obligatoire, ce qui value à la montagne d’emporter dans ses profondeurs plusieurs esprits rebelles et quelques peu inconscients du danger bel et bien présent. Bien que superflu (je ne suis pas certaine qu’un harnais seul soit d’une très grande utilité en cas de chute), il permet néanmoins de profiter d’un certain sentiment de sécurité et oblige aussi à se maintenir à une distance très proche, garantissant ainsi un sentiment de promiscuité avec la falaise.
Notre propre expérience présente ce chemin comme étant certes délicat par endroit, notamment les premiers pas, mais tout à fait faisable si on connaît les règles de sécurité de base :
- prendre un harnais même si celui-ci n’est pas obligatoire ;
- ne jamais détacher les deux mousquetons en même temps ! toujours s’assurer en gardant l’un des deux sur la ligne de vie ;
- avancer doucement et ne pas paniquer ;
- pour les personnes soumises au vertige, deux solutions : ne pas regarder, ou ne pas y aller tout court.
Au niveau pratique, la descente du pic jusqu’à la planche se fait à l’aide d’une échelle bâtie à même la roche : des tiges en aciers sont ancrées dans la montagne et obligent les randonneurs à se faufiler entre les parois abruptes du pic Sud, sans aucune plateforme en dessous pour rassurer les esprits tendus.
Enfin arrivés à la fin de cette terrible descente, des cavités taillées dans la roche permettent (non sans difficultés) de se rapprocher de la fameuse route de planche que l’on distingue à quelques mètres. Seulement voilà, il n’y a que la force de vos bras qui vous sera d’un quelconque secours pour vous hisser à cet endroit.
Une fois sur ce chemin de bois, vous n’avez plus qu’à avancer doucement, tout en gardant à l’esprit qu’arrivera le moment où vous croiserez des dizaines de chinois (peu de touristes sur ce Mont), empressés de repartir. Gare à l’entremêlage de mousquetons ! Comptez environ 1h de randonnée car une fois arrivés au bout de ce chemin, vous devrez le refaire en sens inverse.
HUASHAN : INFORMATIONS PRATIQUES
SE RENDRE À HUASHAN AU DÉPART DE XI’AN
Départ très matinal, aux alentours de 6h30 du matin. Huashan se situe à environ 130 km de Xi’an. Trois alternatives s’offrent aux voyageurs pour se rendre aux pieds de la montagne taoïste la plus élevée de Chine :
- le bus public, 2h de route ;
- le train, 1h30 ;
- le train rapide, 30min.
Pour le bus public, il vous faut vous rendre au nord de Xi’an, à l’est de la gare ferroviaire centrale, au niveau de 太华立交 (Tai Hua Li Jiao). D’ici, le bus public vous emmène à la ville de Huashan en un peu plus de 2h de route. Comptez environ 20元 pour un aller simple.
Concernant le train, la gare principale 西安火车站 (Xian huoche zhan) située au nord des remparts de la ville, vous permet de rejoindre 华山火车站 (Huashan huoche zhan) en environ 1h30. Les trains sont populaires, mais c’est une belle expérience ! Comptez environ 20元 également pour vous y rendre.
Dernière alternative, le train à grande vitesse chinoise. Il s’agit d’un train moderne et confortable, qui ne prendra qu’une demi-heure pour vous déposer à Huashan. Au départ de Xian, prenez le métro ligne 2 jusqu’au terminus, 2元 le trajet. Vous voila arrivés à la gare nord de Xian, à environ 10km de la ville elle-même. Un trajet 西安北站 (Xian bei zhan) – 华山北 (Huashan bei) vous coûtera 34,50 元. Important : pensez absolument à prendre avec vous vos passeports, sous peine de vous voir refuser la vente de billets de train.
Arrivés à la gare nord de Huashan, prenez un taxi. Évitez les taxis clandestins qui profiteront du fait que vous soyez 老外 laowai (étrangers) pour vous faire payer des sommes extravagantes. Le taxi vous fera acheter les billets du téléphérique si vous lui faites part de votre désir d’emprunter le « cable car ». Un trajet en téléphérique coûte 140元 par trajet, un peu cher, mais cela en vaut la peine.
ENTRÉE SUR LE SITE DE HUASHAN
Le chauffeur vous déposera à l’entrée du site de Huashan. D’ici, à vous d’acheter les billets d’entrée ainsi que les bus qui vous permettront d’atteindre les endroits stratégiques de la montagne. Renseignez vous au préalable pour prévoir votre excursion selon le temps disponible afin de profiter au mieux de votre escapade.
Si vous désirez admirer le lever du soleil sur le pic Est (un moment réellement magique), pensez à réserver à l’avance votre hébergement. Les prix des structures hôtelières dans la montagne sont vraiment excessifs. Si, au contraire, vous prévoyez de ne passer que la journée au Mont, partez très tôt le matin (aux alentours de 7h de Xi’an) et commencez l’ascension le plus tôt possible par l’un ou l’autre sentier ; sinon, pensez à emprunter le téléphérique qui offre une belle alternative tout de même.
L’ASCENSION DU MONT HUASHAN ET DE SES DIFFÉRENTS PICS
Des milliers de marches rendent l’accès à cette montagne facilitée (d’un point de vue chinois du moins, parce que gravir 2 000 mètres à raison de 10 000 marches, c’est creuvant). Les noms évocateurs serviront à faire tourner la tête : la Descente dangereuse, le Dos étroit et glissant du dragon bleu, l’Echelle céleste verticale…
Une fois acquittés de 200 yuans de frais d’entrée, un minibus vous dépose au pied de la montagne ; de là, à vous d’atteindre le pic le plus bas, situé à 1 650 mètres : le pic Nord.
Pour cela, trois façons de l’atteindre :
- Le téléphérique : qui impressionne par sa modernité, sa longueur (environ 13 minutes) et son panorama magnifique sur tout le parc naturel et les précipices qu’il renferme… seulement il a un prix, et celui-ci est assez élevé : 140 yuans pour un aller-retour, une vingtaine d’euros.
- Le sentier des soldats : qui consiste à grimper pendant environ 2h sous l’itinéraire du téléphérique. Plusieurs fractions de ce sentier sont particulièrement délicates, notamment des sections quasiment à la verticale, avec pour seule aide une chaîne en acier et de petites encoches taillées dans la roche. Si vous avez l’esprit sportif, ce sentier permet une montée plus rapide mais radicalement plus raide, et vous serez surpris de flirter avec des escaliers dont l’inclinaison va jusqu’à 80°. Vos mollets vous remercierez après avoir monté les 4 000 marches.
- Enfin, le sentier des gorges, plus fréquemment emprunté, reste néanmoins ardu : un chemin de 6 km part du village de Huashan au niveau du temple de la Fontaine de Jade (玉泉院 – Yùquán yuán) et rejoint le pic Nord. Approximativement 6 km de montée relativement facile, suivis de 2kms formés d’escaliers abruptes qui se succèdent jusqu’au sommet. (comptez environ 4 heures de rando)
Arrivés au pic Nord (le seul accessible depuis la base), plusieurs sentiers vous permettent ensuite de rejoindre le pic du Centre (2 040 mètres), le pic Ouest (2 080), le pic Est (2 100) et enfin le pic Sud (2 160).
TÉLÉRIQUE OU NON ?
Vous avez la possibilité d’emprunter un téléphérique made in German, selon notre chauffeur de taxi. C’est ce qui expliquerait les tarifs élevés de ce mode de transport : 140 RMB pour un trajet unique, soit environ 20€ la montée. En effet, quand on s’aperçoit de l’enchevêtrement des poteaux et des câbles, cela relève presque d’une prouesse technique !
Blanche
Fabuleux ! Merci pour ce très bel article, riche et bien détaillé avec de précieux conseils pour accéder à ce superbe Mont. Les paysages sont impressionnants. Accéder à la petite chapelle au bout du chemin de planches se mérite, malgré la via ferrata. Mieux vaut ne pas être sujet au vertige…
Christian
Bon, c’est une via ferrata quoi, donc pas si dangereuse que ça 🙂 De nos jours en tout cas… Mais c’est impressionant de s’imaginer ce que ça devait être dans le temps pour les moines, d’emprunter cette voie sans assurances, en n’utilisant que les prises creusées dans la roche !