Bon nouvel an Chinois !

Hier, samedi 28 janvier 2017, était une date bien spéciale pour la communauté chinoise dans le monde entier. Bien que ce blog se soit diversifié dans les destinations, il ne faut pas oublier qu’initialement, il est né lors d’une expatriation en Chine en 2014. Il me semble donc évident et légitime de redonner un peu de lumière à ce pays, en utilisant un évènement clé de la culture de l’Empire du Milieu, j’ai nommé : le Nouvel An Chinois !

Mis à jour en janvier 2022

Mais c’est quoi au juste, le nouvel an chinois ?

Le Nouvel An Chinois est appelé en Chine le « festival du printemps » (春节 en chinois simplifié, se prononce Chúnjíe). C’est un paradoxe me direz-vous : pourquoi le Nouvel An Chinois est-il appelé la fête du printemps, alors que nous sommes en plein hiver ? Peu de littérature à ce sujet, mais il semblerait que les chinois notent les premiers signes de beaux jours et font, logiquement, coïncider le début de l’année avec le renouveau de la nature.

Une nouvelle année, selon les chinois, commence par un nouveau cycle des saisons. Après le solstice d’hiver, puis le « petit froid », c’est le « grand froid » (en janvier) qui laisse sa place à l’éveil du printemps au début du mois de février. Premier jour du printemps un 28 janvier ? On peine à y croire, quand les températures en France plongent sous la barre des -10°C avec une vague de fraîcheur tout droit venue de Sibérie. Mais ce ne sont pas les températures qui sont vues comme un signe de renouveau, mais bel et bien la vue des premiers bourgeons qui pointent alors timidement le bout de leur nez.

Si sa date varie d’une année sur l’autre, il marque toujours un moment important. C’est en fait la fête la plus importante des célébrations traditionnelles chinoise. Le calendrier chinois n’est pas similaire au nôtre : les chinois se basent en effet sur un calendrier dit « luni-solaire ». Ils ont ainsi bâti leur cycle de 12 mois sur celui de la lune et du soleil. Le Nouvel An Chinois était à l’origine une fête agricole : une manière pour les paysans de mieux observer le rythme des saisons et ainsi, de célébrer l’arrivée du printemps, signe de l’arrivée des beaux jours. Le premier jour de la nouvelle année est fixé deux lunes après le solstice d’hiver, qui varie généralement entre le 21 janvier et le 20 février. En 2017, les festivités du nouvel an chinois vont fleurir du 28 janvier au 15 février.

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D’une croyance populaire à des célébrations de part le monde ?

À l’époque, non seulement les célébrations du Nouvel An étaient promesses de moissons, mais elles avaient également pour but d’éloigner le mauvais oeil. Le mot année en chinois « nián », partage le nom du monstre Nian. Selon la légende, Nian serait une terrible créature qui obligeait les villageois à passer une nuit blanche, au risque de se faire emporter par la bête…

Aujourd’hui, le festival du Nouvel An Chinois est vieux de plusieurs siècles et gagne en reconnaissance de part le monde, de part des mythes et traditions qui dépassent les frontières. Le nouvel an chinois est par exemple célébré dans des pays et territoires où résident beaucoup d’expatriés chinois : Hong Kong, Macau, Taiwan, Singapour mais aussi plus largement les pays d’Asie du sud-est, principalement la Thaïlande, le Vietnam, les Philippines et l’Australie. Dans les différentes grandes villes de ces pays, des célébrations et rassemblements importants ont lieu chaque année à l’occasion de cet événement majeur. Mais le Nouvel An chinois va même au-délà des continents, comme à San Francisco, Sydney, Paris ou encore Londres.

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En parlant de fête, ça se passe comment ?

Les portes des habitations se parent de papiers rouges (couleur qui symbolise le bonheur) et de voeux calligraphiés. Les chaumières accueillent des bambous (symbole de régénération) et de narcisses (symbole de bonne santé). Dans les rues, ce sont les danses de lions et de dragons qui rassemblent. Le cortège musical (pétards, parades, chants) est une manière de terrasser les mauvais esprits. Le premier jour du Nouvel An est aussi réservé aux ancêtres : des tiges d’encens sont ainsi brûlées en leur mémoire.

Le cérémonial se prolonge généralement avec une veille, gage de longévité, durant laquelle les habitants se rejoignent pour manger des friandises (les gâteaux de l’an, nián gāo), jouer à des jeux d’argent et au mah-jong. Il est aussi d’usage que les aînés offrent aux enfants et aux jeunes mariés de l’argent, accompagnés parfois de voeux de fortune, dans des enveloppes rouges. La somme est bien sûr libre, mais les chinois préfèrent les chiffres pairs : le 6 signifie année harmonieuse, le 8 une promesse de richesse… Le 4 est un nombre interdit, car synonyme de mort pour les chinois. Les festivités culinaires ont une place importante : c’est au milieu d’une grande tablée que se réunissent généralement les familles. Si absent il y a, il est coutume de laisser une place vide : il est en effet important de montrer que les liens de parenté restent soudés, et ce, même lorsqu’ils sont séparés.

La fin des célébrations se clôtureront avec la « fête des lanternes » : les habitants défileront dans la rue, lanternes rondes et calligraphiées à la main. Ils répandront ainsi « la lumière dans le ciel noir ».

Tous droits réservés, crédit photo @Luo Zhiken 

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Et les signes astrologiques dans tout ça ?

L’année 2017 a marqué l’entrée dans l’année du Coq, l’un des signes astrologiques chinois, après l’année du Singe que nous célébrions en 2016. Il existe douze signes du zodiaque chinois : Rat (鼠 shǔ), Buffle (牛 niú), Tigre (虎 ), Lièvre (兔 ), Dragon (龍 lóng), Serpent (蛇 shé), Cheval (馬 ), Mouton (羊 yáng), Singe (猴 hóu), Coq (鷄 ), Chien (狗 gǒu), Porc (猪 zhū). Comme dans les signes astrologiques que nous connaissons, chaque signe est assimilé à un ou plusieurs traits de caractère bien définis.

Mais d’où vient cette tradition ? Il faut pour cela nous replonger il y a quelques millénaires, à l’époque d’un certain Siddhārtha Gautama, dit Bouddha (L’Éveillé). Un jour, le prince décida d’organiser une course entre douze animaux. Le classement des bêtes serait une manière d’illustrer le cycle des ans et de remplacer le système de mesure alors en place, qui était une façon trop complexe de se repérer dans le temps pour les paysans d’alors.

Selon cette légende, le rat (animal le plus rusé), arriva en premier. Il fut suivi de très près par le boeuf, le tigre, le lapin et le dragon. Le serpent passa juste devant le cheval (qu’il effraya au passage). La chèvre, le signe, le coq et le chien, les suivirent. C’est enfin le cochon qui atteignit la ligne d’arrivée en dernier, en raison de sa gourmandise qui le fit manger tout ce qu’il trouvait sur son chemin.

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La RDV annuel de plus grande migration humaine

Au delà de la signification de cette célébration ancestrale, le Nouvel An Chinois est aussi une période de vacances scolaires très importante. C’est notamment grâce aux deux mois accordés à tous les étudiants chinois à l’occasion de cette tradition, que nous avions pu à l’époque partir à la découverte des pays limitrophes de la Chine, armés de notre sac à dos. Et ce sont alors des centaines de millions de salariés chinois qui profitent alors de l’une de leurs 2 semaines de congés payés annuels…

C’est donc pour cette raison que le Nouvel An Chinois constitue chaque année le prétexte du plus gros déplacement de population de la planète !  Car pendant le Nouvel An, c’est près de 1 milliard 400 millions de personnes qui disposent de temps libre… et puisque les chinois sont connus pour avoir migré massivement : on estime à plus de 600 millions le nombre de chinois qui auront fait le déplacement pour rejoindre leur famille, principalement en Asie, à cette occasion.

2017, un nouveau record de déplacements humains ?

Cette semaine de congés payés est appelée la « Golden Week ». Le Quotidien du Peuple (journal officiel du parti communiste chinois) a prévenu il y a quelques jours : le nouvel an 2017 devrait battre un nouveau record avec plus de 3 milliards de déplacements sur la période. En train, en bus, en voiture, en avion… c’est 100 millions de plus que l’année dernière. Et, ayant vécu ce boom touristique l’année de mon expatriation, je peux vous assurer que cette période est loin d’être évidente : prix en augmentation indécente, places saturées dans les hôtels, aéroports et gares ferroviaires et routières pris littéralement d’assaut… C’est une folie sans précédent.

Cette année, la Chine fait face à une difficulté supplémentaire, car l’Empire du Milieu fait face à un hiver particulièrement rigoureux cette année, ce qui rend compliqués les déplacements. En Mongolie intérieure par exemple, le thermomètre a chuté jusqu’à -45°C.

Vers un changement des traditions ?

Comme expliqué plus haut, traditionnellement les chinois se rendent dans leurs familles, dans leur province d’origine. C’est notamment le cas des millions de travailleurs migrants, employés sur les chantiers de construction dans les grandes villes de la côte orientale. Ces « esclaves du miracle chinois », ces travailleurs de l’ombre, ne rentrent en effet qu’une fois par an dans leur famille, justement cette semaine là. Mais c’est la classe urbaine aisée qui semblent changer quelque peu la donne :  de plus en plus, elles délaissent les habitudes et leurs parents pour leur préférer des lieux de villégiature. Ils se rendent ainsi passer des vacances à Kunming, dans le sud ouest quasiment tropical ou encore à Hainan, une île méridionale devenue complexe touriste. Les urbains cherchent en fait deux choses : le soleil et surtout l’air pur, pour fuir la pollution qui les asphyxie au quotidien.

Pour finir sur une note plus légère, une petite vidéo des nouveaux-nés pandas de Chengdu (de la base de recherche Giant Panda Base) qui vous souhaitent la bonne année 🙂

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